RDV aujourd'hui entre Sarkozy et Le Pape - et suite des négociations

Des fumoirs dans les bars-tabac ? Daniel Rosenweg

vendredi 08 février 2008 | Le Parisien

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«BELLE OUVERTURE », « message d'espoir »... Reçus hier après-midi pendant près d'une heure par Nicolas Sarkozy, les buralistes sont ressortis de l'Elysée manifestement satisfaits d'avoir été écoutés.

Reçue juste après les chauffeurs de taxi, la dizaine de représentants de la profession semble avoir ouvert une brèche dans le décret généralisant l'interdiction de fumer dans les lieux publics. « Le président a demandé au ministre du Budget et au ministre de la Santé d'engager dans les plus brefs délais un travail technique, tant sur le contenu du contrat d'avenir pour accompagner les conséquences du décret sur leur activité que sur les modalités d'installation des fumoirs », précise le communiqué publié hier soir par l'Elysée.

Des fumoirs et une aide financière : les buralistes n'en demandent pas plus, même si certains rêvent de dérogation. Pour l'heure, la réflexion portera sur « les fumoirs en zone rurale, a précisé à sa sortie de l'Elysée le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape. Nous allons réfléchir à la mise en place de fumoirs adaptables et moins coûteux dans les bureaux de tabac, surtout en zone rurale ».

Réunion de travail dès lundi

Ces petits établissements sont en effet touchés de plein fouet par le décret interdisant de fumer (lire ci-contre). Pascal Montredon, secrétaire général de la confédération et lui-même buraliste à Nîmes (Gard), a indiqué que « la chute de chiffre d'affaires est générale, elle atteint 20 à 30 % sur l'activité bar et touche aussi bien la ville que la campagne et les quartiers difficiles, où nous sommes souvent le dernier lieu de convivialité ». Selon René Le Pape, sur les 30 000 professionnels en activité, 18 000 sont très directement menacés « si rien n'est fait ».

Le groupe de travail doit se réunir dès lundi. En présence du ministère de la Santé, donc, qui se retrouve soudain avec une vraie patate chaude entre les mains. Et un dilemme : comment satisfaire les buralistes sans que d'autres s'engouffrent dans la brèche ? Notamment par les autres buralistes ou les tenanciers de bars à chicha, dont les chiffres d'affaires s'effondrent eux aussi.

Bur critique les buralistes
Le député UMP Yves Bur a dénoncé dans un communiqué "la politique du toujours plus des buralistes" qui ont annoncé des négociations lundi avec l'Etat pour aménager des fumoirs dans les bar-tabacs.

Le député du Bas-Rhin et rapporteur du budget de la Sécurité sociale "tient à réaffirmer que les aménagements que tentent d'obtenir les buralistes rendraient inopérant l'ensemble du dispositif" d'interdiction de fumer dans tous les lieux publics. "La mesure d'interdiction de fumer est une mesure de santé publique sur laquelle les buralistes n'ont aucune légitimité à s'exprimer".

M. Bur "se réjouit que, lors de sa rencontre avec les buralistes le 7 février, le Président de la République a réaffirmé que s'agissant de l'interdiction de fumer dans les lieux publics il n'était pas question de revenir sur les questions de santé publique".

Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, a indiqué que des "négociations" entre les buralistes et l'Etat allaient s'ouvrir lundi pour étudier les moyens d'aménager des fumoirs dans leurs commerces, à l'issue de cet entretien avec le président Nicolas Sarkozy.

Source : AFP

Interdiction de fumer: Haut Conseil de la santé publique pour application intégrale
AFP 12.02.08 | 11h22



Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) "apporte un soutien sans réserve à l'application intégrale et sans dérogation" de l'interdiction de fumer dans les lieux publics, indique-t-il mardi dans un communiqué.

"Dans tous les pays ou Etats où cette mesure a été mise en oeuvre, en Europe comme aux Etats-Unis, le bilan provisoire est très positif avec une réduction majeure de l'exposition au tabagisme passif, un recul du nombre de fumeurs et des bénéfices sanitaires immédiats en particulier cardiovasculaires", indique le HCSP.

Le président de la Confédération des buralistes, René Le Pape, a annoncé la semaine dernière, à l'issue d'un entretien avec le président de la République Nicolas Sarkozy, l'ouverture de "négociations" entre les buralistes et l'Etat pour étudier les moyens d'aménager des fumoirs dans leurs commerces.

Le HCSP souligne que la mesure d'interdiction, qui "s'applique complètement en France, depuis le 1er janvier 2008", "bénéficie du soutien de la majorité de la population, fumeurs compris, et n'a pas provoqué de difficultés importantes dans les secteurs d'activité concernés".

"Il apparaît que les personnes qui travaillent dans les bars et les restaurants, exposés au tabagisme passif jusqu'au 1er janvier 2008, sont les premiers bénéficiaires de la mesure", ajoute-t-il.

Le Haut Conseil de santé publique est une instance d'expertise qui contribue à l'élaboration et l'évaluation des politiques de santé publique.

Négociations : où en sommes-nous ?

A la suite du rendez-vous à l'Elysée du 7 février, les négociations entre le gouvernement et la Confédération ont débuté concrètement le jeudi 14 février, après de premières réunions de cadrage. Depuis, les réunions "techniques" et (celles qui le sont moins) s'enchaînent. Le cadre fixé par Nicolas Sarkozy est pour le moment respecté.

Rappelons que les pistes de travail portent sur trois grands points :
- L'élaboration d'une mesure permettant de rattraper les pertes "comptoir", réellement constatée, provoquées par le décret,
- Des aménagements dans les modalités d'application du décret (les demandes de la profession sont déjà bien connues...du fumoir aux terrasses),
- Une renégociation pour renforcer "le Contrat d'avenir" (nouvelles activités de service public et diversification, dont les jeux).


Pour le moment, rien n'est acquis. N'oublions pas que ces négociations ont été obtenues à "l'arraché" après le forcing médiatique de la Confédération. Il faut donc rester attentif et mobilisé. C'est ce qu'a rappelé René Le Pape lors du séminaire des présidents qui s'est tenu à Nantes les 27 et 28 février dernier. Pendant ces deux journées de travail, un point complet a été fait sur l'avancée des discussions avec le gouvernement, ce qui a donné lieu à débat et à des échanges fructueux (notre photo).


René Le Pape a également tenu à rappeler les raisons pour lesquelles il est impossible d'obtenir un "système à l'espagnol" (liberté totale de fumer dans les établissements volontaires, de moins de 100 m2) :"les nouvelles pratiques du droit français placent désormais la santé publique et la protection des salariés au dessus de toute autre considération, et cela reste valable même s'il s'agit de son propre conjoint. C'est un argument, peut-être "hypocrite", mais réel et il y a déjà eu des arrêts de la Cour de Cassation en ce sens."

Il n'en reste pas moins que de réelles possibilités d'aménagement existent. C'est bien pour cela qu'il faut rester mobilisé.