Loi anti-tabac : les cafés trinquent

Plus de 2.000 débits de boissons disparus en 2008 en France


PARIS, 29 mai 2009 (AFP) - Plus de deux mille cafés, bars et brasseries ont disparu en 2008 en France, le double des années précédentes, en raison de la crise et faute de s'être modernisés, selon les professionnels du secteur.

Le nombre d'établissements est passé de 40.845 à 38.600, "soit six fermetures par jour", a indiqué à l'AFP Bernard Boutboul, directeur général de Gira Conseil, qui publie ces chiffres dans une étude annuelle sur la restauration.

"Cela fait quinze ans qu'on perd mille cafés par an. Cette année, c'est le double", confirme Bernard Quartier, président de la fédération de cafés, bars, brasseries et discothèques, l'une des branches de l'Umih, premier syndicat de la profession.

"La province a été plus touchée que Paris", ajoute Jean-Louis Taurinya, président de la section cafés au Synhorcat, le deuxième syndicat, qui prévoit que "2009 ne sera pas non plus une bonne année".

Avec la crise, les cafés, bars, brasseries ont perdu 7,4% de leur chiffre d'affaires en 2008, selon Gira Conseil.

En revanche, l'interdiction de fumer imposée aux cafés et restaurants le 1er janvier 2008 n'a pas eu d'impact significatif, indique le cabinet.

Pour M. Boutboul, "l'interdiction de fumer a eu un impact en début d'année mais pas par la suite", ajoute-t-il.

Le problème des cafés et des bars, c'est que beaucoup n'ont pas "joué la carte de la petite restauration du midi", selon lui.

Le taux de retour au domicile à l'heure du déjeuner baisse depuis des années, ajoute ce spécialiste du secteur. Les cafés étaient "les mieux placés" pour développer la vente de sandwiches, mais beaucoup n'ont pas su mettre ces produits en avant, contrairement aux boulangeries puis ensuite aux sandwicheries.

Ce sont "les enseignes de la grande distribution qui grignotent des parts de marché" en ouvrant des petits magasins de restauration en centre-ville.

"Les cafés ont encore une image liée au tabac et à l'alcool et ça ne donne pas toujours envie d'y aller", déplore M. Quartier, "ils doivent redevenir des lieux de convivialité, où on peut aussi consommer des produits sains".

"Ce n'est pas normal qu'on paie plus cher un jus de fruit qu'un demi de bière", ajoute-t-il encore. Certes il faut payer le coût de l'embouteillage du jus de fruit, mais les cafetiers pourraient peut-être aussi "revoir leurs coefficients".

"Les cafés ne se sont pas adaptés à la nouvelle génération, à celle qui demande de l'ambiance, de l'accueil", insiste M. Taurinya.

Dans sa brasserie, le Royal-Trinité à Paris (IXè), il réalise "le même chiffre d'affaires qu'il y à six ou sept ans". "Ca veut dire qu'on a perdu de la clientèle", conclut-il.

Pour lui, l'interdiction de fumer a eu un impact, surtout dans les bars ruraux et certaines brasseries où "a disparu la clientèle du matin qui buvait deux ou trois cafés en fumant et en lisant le journal.

© 2009 AFP

Sans cigarettes, les cafés trinquent

Les clients fumeurs sont moins fidèles, les non-fumeurs reviennent, mais la fréquentation des bars est globalement en baisse. C’est ce que révèle une étude dévoilée ce matin.

Un an et demi après l’interdiction de fumer dans les lieux publics, comment vit-on dans les cafés ? Sans mégots au sol et avec une nouvelle convivialité, nos troquets ne sont plus fréquentés de la même façon, comme l’indique l’étude « les Français et la consommation hors domicile », dévoilée ce matin par TNS Sofres et France Boisson, distributeur leader sur ce circuit, que nous vous présentons en exclusivité*.

Selon cette enquête, 4 Français sur 10 continuent de pousser la porte de leur bistrot, mais les habitudes ont fluctué.

«Un fumeur sur deux reste moins longtemps »

« Le café est le lieu qui a été le plus affecté par l’arrêt de la cigarette en public. Une partie des fumeurs y vont moins et les non-fumeurs y vont plus, mais la compensation entre les deux n’est pas totale », détaille Marion-Anne Cattaneo, responsable à la Sofres. « Les non-fumeurs n’ont pas encore perçu l’avantage des cafés sans fumée » D’après l’enquête, 15 % des fumeurs se rendent moins souvent au café, tandis que 9 % des non-fumeurs y entrent plus volontiers : un état des lieux toutefois évolutif, car ce sont 16 % des premiers qui projettent de moins s’accouder au comptoir à l’avenir. « Maintenant, un fumeur sur deux reste moins longtemps. Il sort fumer et ne revient pas. Il a surtout délaissé le café du quartier le matin et le café-PMU la journée », poursuit la manager. « Les non-fumeurs, eux, apprécient plus les cafés-brasseries le midi. » En plus de l’effet cigarette, les bistrots sont aussi sensibilisés par la crise. D’après l’enquête, les usagers y trouvent la pression, l’expresso, le plat du jour, mais aussi le jambon-beurre, le vin et le Ricard trop chers. « Le client vient moins, surtout le matin, où on a une baisse de consommation de 30 %, mais il devient fidèle à son café pour l’ambiance », note Nicolas Denonfoux, directeur de Service en tête, une association qui coache les établissements. « Depuis la fin de la cigarette, 30 % des cafés sont passés à des terrasses chauffées. Pour faire venir les gens, on mise sur la propreté. On parie aussi sur les services, les animations. » Une rose pour la Journée de la femme ou le petit noir à 1 € dessineront sans doute le portrait du café de demain. Nécessité oblige : 70 % des familles estiment encore que l’endroit n’est pas adapté aux enfants.

* Etude réalisée par TNS Sofres pour France Boisson, du 19 janvier au 13 février 2009, auprès d’un panel de 848 individus âgés de 16 ans et plus.

El Tigré a écrit:Pour info, le patron du pub est fumeur...

Oeufs, seaux d'eau, paintball : guerre du bruit devant les bars


L'interdiction de fumer incite les clients à sortir dans la rue, ce qui exaspère les riverains. La ville de Paris lance une campagne.



La mairie et la police de Paris ont débuté une campagne « anti-bruits » à l'arrivée des beaux jours et du deuxième été depuis l'entrée en vigueur de l'interdiction de fumer dans les cafés, restaurants et boites de nuit. L'idée est de limiter les conflits de voisinages, qui prennent parfois des tours suprenants…

Le propriétaire du bar-restaurant « Que Pasa ? », situé sur la très festive rue de Lappe, près de place de la Bastille à Paris, en sait quelque chose. Il y a quelques années, David Benatsou, âgé de 56 ans a été poursuivi par une voisine pour nuisances sonores.

« Je refuse de payer les dommages et intérêts, c'est de l'acharnement »

La résidente a eu gain de cause. L'entrepreneur explique avoir été obligé d'insonoriser son établissement, des travaux qui lui ont coûté 150 000 euros. Et l'histoire ne s'arrête pas là. Cette habitante (qui a déménagé depuis) le poursuit en dommages et intérêts :

« Les procédures sont toujours en cours, mais je refuse de payer. Je trouve que c'est de l'acharnement. »



L'interdiction de fumer, depuis 2008, n'améliore pas sa situation :

« Les gens vont prendre une bière puis vont fumer leur cigarette dehors. L'ambiance se fait dans la rue. Il y a des gens civilisés qui respectent la tranquillité et d'autres qui ne comprennent pas. Ceux-là, je leur enlève leur verre et je leur dit d'aller s'en acheter un ailleurs. »


Juste en face, le responsable du bar Charlotte confie être lui aussi aux prises avec des résidents fâchés qui se plaignent directement ou contactent la police :

« Les pompiers, les soldats ou les sportifs… Ceux-là se mettent souvent à chanter, et ça fait beaucoup de bruit »


Des oeufs, de l'eau et des billes de paintball pour faire peur aux clients
Il sembler exister toutes sortes de tactiques pour faire déguerpir les clients trop bruyants. Au « Cannibale Café », dans le XIe arrondissement, une cliente se souvient d'avoir manqué de peu recevoir un projectile sur la tête :

« Une personne qui habitait au-dessus du café a balancé un oeuf juste à côté de mes amis et moi. Je pense bien que c'était destiné aux gens installés sur la terrasse. »


Dans le XXe arrondissement, des résidents perturbés par les clients du bar-restaurant « Les Pères populaires » n'y sont pas allés de main morte non plus. Une responsable raconte :

« J'ai vu des voisins lancé des seaux d'eau sur des clients… et il y en a même un qui s'est servi de son paintball. »


Depuis, l'entreprise prévient les clients dès 19 heures que la terrasse va bientôt fermer. Des employés ont également été embauchés spécialement pour faire de la surveillance.

« On fait vraiment attention. C'est seulement quand les gens sont très calmes et peu nombreux qu'on laisse la terrasse ouverte jusqu'à la tombée de la nuit »


C'est entre autres pour atténuer les effets pervers de la nouvelle loi sur l'interdiction de fumer que la mairie et la préfecture ont lancé, le 10 juin, une campagne de sensibilisation contre la pollution sonore.

»En terrasse de café et restaurant, respectez la tranquillité du voisinage », c'est le slogan des 10 000 affiches et 50 000 cartes postales imprimées à cette occasion.

Le bruit, préoccupation numéro 1 des citadins
SOS bruit, une association qui défend près de 1 000 victimes de nuisance sonore, accueille favorablement cette initiative, mais son président, Thierry Ottaviani, attend impatiemment les résultats : « J'ai hâte de voir si ces mesures auront un quelconque impact. »

Il faut dire que cette campagne fait peu de bruit pour l'instant… « Non, je n'ai pas entendu parler de cela », répondent la plupart des employés et propriétaires de bars ou restaurants à qui j'en ai parlé. « Ah oui, j'ai peut-être vu une affiche dans le métro », explique l'un d'eux.

Pourtant, la préfecture a indiqué à Rue89 que les affiches sont bien destinées aux tenanciers, et ce, dans l'ensemble des arrondissements parisiens.

Selon une enquête de l'Insee réalisée en 2002, le bruit est la principale préoccupation environnementale des citoyens. Près de 54% des ménages sont gênés par le bruit près de leur domicile. C'est toutefois la circulation automobile qui dérange le plus.

La Fête de la musique n'est pas le type d'événement à faire abaisser les décibels… mais pour le président de SOS bruit, il s'agit d'une journée exceptionnelle :

« Je n'ai pas beaucoup de plaintes pour la fête de la musique ou d'autres fêtes, comme le Nouvel An. Les gens comprennent. Des jours comme ça, il faut se mettre des bouchons dans les oreilles ! »