Jean Montaldo, journaliste d’investigation, a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille.
Page 1 sur 1
Jean Montaldo, journaliste d’investigation, a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille.
Entretien avec Jean Montaldo
Thème(s) : Corruption
Dossier : la corruption politique
Le Cri du Contribuable n°46, du 5 avril 2008 - Jeanne Pavard
39 Contribuables jugent
cette info scandaleuse
Jean Montaldo, journaliste d’investigation, a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille. En 1977, il commence par dénoncer la corruption organisée par le Parti communiste.
Un système de détournement de fonds que François Mitterrand étendra au Parti socialiste, et qu’adoptera la droite, avec ce qu’il appelle le « pacte de corruption » droite-gauche.
Dans son dernier livre, « Chirac et les 40 menteurs » (Albin Michel, 2006), il explique comment le disciple (Jacques Chirac) a dépassé son maître (François Mitterrand) :
c’est en effet sous la présidence de Jacques Chirac que le système politique et administratif atteint son apogée en matière de corruption.
Vous avez dénoncé la corruption en vigueur sous Mitterrand, puis sous Chirac. Où en est-on aujourd’hui ?
Nicolas Sarkozy n’a pas eu recours à l’industrie de la corruption qui prit son plein essor sous Jacques Chirac. L’actuel président appartient à une nouvelle génération, qui a pris conscience de la dangerosité de ce système.
Il s’est entouré, le plus souvent, de personnalités intègres, à commencer par François Fillon.
Toutefois, il a singulièrement manqué de vigilance, en prenant comme « conseiller » (récemment remercié) Georges-Marc Benamou, dont le cas exemplaire ouvrait et fermait mon livre « Mitterrand et les quarante voleurs » : c’est en effet avec l’argent de la corruption socialiste qu’il avait financé son journal Globe.
Quoiqu’il en soit, au-delà des personnes, et par la faute de la Justice qui s’est gardée de remplir sa mission, la corruption a miné les institutions de la République française.
Vous décrivez un système de corruption institutionnalisé. Qui a présidé à son instauration ?
Si l’on s’en tient à la Ve République, il faut distinguer plusieurs périodes. La corruption a d’abord été organisée par le Parti communiste, comme je le prouve dans plusieurs livres*. Selon un système scientifiquement élaboré, le parti des plus pauvres a commencé par monopoliser les marchés publics des municipalités à sa main :
avec 300 sociétés commerciales de racket – un véritable empire ! – pratiquant les détournements de fonds à tout va.
À cause de son rapprochement avec le PCF, dans les années soixante-dix, François Mitterrand a doté à son tour le Parti socialiste d’une structure de racket quasiment identique.
Après son élection en 1981 – au nom de la vertu et de la morale ! – cette organisation s’est déployée sur tout le territoire. Des sommes considérables ont été amassées soit dans des structures créées à dessein, soit par des élus, ministres et responsables nommés par l’État à des postes-clefs (Crédit lyonnais, Crédit foncier, compagnies d’assurances, Elf Aquitaine, etc).
Puis la droite s’est laissée entraîner dans un « pacte de corruption », scellé au plus haut sommet de l’État, dès le premier septennat de Mitterrand :
dès lors, celui qui détient le pouvoir local prend 60 % des commissions frauduleusement touchées, et l’opposition touche les 40 % restant, même chose au niveau national.
Avec l’accession de Jacques Chirac à la présidence, on passe d’un système artisanal à une véritable industrie.
Il s’agit, par exemple, des affaires des marchés des lycées d’Ile-de-France, de la SNCF, de la RATP.
J’ai rendu public le nom des élus, la nature des marchés, les montants détournés…
Pour l’affaire Urba impliquant le PS, et malgré les preuves que j’avais confiées à la Justice, seulement 2 % du dossier ont été jugés, sans remonter au sommet du système mitterrandien.
Car il est d’usage, en France, de ne jamais mettre en cause le président de la République.
Quelles mesures permettraient de laver la démocratie française de cette corruption ambiante ?
La seule solution pour l’éradiquer de manière radicale serait de la criminaliser, comme dans toutes les grandes démocraties anglo-saxonnes.
Aujourd’hui, la corruption n’est qu’un délit, et les peines infligées sont indolores.
Il faut frapper durement là où ça fait mal : à la caisse ! Toute personne condamnée pour corruption devrait être inéligible à vie et condamnée à payer deux ou trois fois la somme détournée, de même qu’à payer des amendes réellement dissuasives.
C’est le forban qui doit payer, et non plus le contribuable, victime in fine de ces méthodes mafieuses !
Avez-vous tenté de chiffrer le montant de ces pertes dues aux détournements d’argent public ?
J’ai essayé d’établir le montant des sommes détournées depuis 1981 : c’est énorme ! Au total, il pourrait s’agir de plusieurs centaines de milliards…
Un chiffre peu éloigné du montant de la dette publique de la France ! Rien que dans l’affaire des marchés d’Île-de-France, 560 millions de Francs se sont évaporés. Et je ne compte pas les paquets de millions disparus dans les paradis fiscaux, grâce à des structures offshore créées à dessein.
Tout a été fait pour que les parrains du système puissent se retirer… sans avoir à répondre de leurs actes.
* « Les finances du PCF, le parti le plus capitaliste de France » (1977),
« La France communiste, un État dans l’État » (1978),
« Les secrets de la banque soviétique en France » (1979), Albin Michel
source http://www.lecri.fr/Entretien-avec-Jean-Montaldo-873.html
Thème(s) : Corruption
Dossier : la corruption politique
Le Cri du Contribuable n°46, du 5 avril 2008 - Jeanne Pavard
39 Contribuables jugent
cette info scandaleuse
Jean Montaldo, journaliste d’investigation, a fait de la lutte anticorruption son cheval de bataille. En 1977, il commence par dénoncer la corruption organisée par le Parti communiste.
Un système de détournement de fonds que François Mitterrand étendra au Parti socialiste, et qu’adoptera la droite, avec ce qu’il appelle le « pacte de corruption » droite-gauche.
Dans son dernier livre, « Chirac et les 40 menteurs » (Albin Michel, 2006), il explique comment le disciple (Jacques Chirac) a dépassé son maître (François Mitterrand) :
c’est en effet sous la présidence de Jacques Chirac que le système politique et administratif atteint son apogée en matière de corruption.
Vous avez dénoncé la corruption en vigueur sous Mitterrand, puis sous Chirac. Où en est-on aujourd’hui ?
Nicolas Sarkozy n’a pas eu recours à l’industrie de la corruption qui prit son plein essor sous Jacques Chirac. L’actuel président appartient à une nouvelle génération, qui a pris conscience de la dangerosité de ce système.
Il s’est entouré, le plus souvent, de personnalités intègres, à commencer par François Fillon.
Toutefois, il a singulièrement manqué de vigilance, en prenant comme « conseiller » (récemment remercié) Georges-Marc Benamou, dont le cas exemplaire ouvrait et fermait mon livre « Mitterrand et les quarante voleurs » : c’est en effet avec l’argent de la corruption socialiste qu’il avait financé son journal Globe.
Quoiqu’il en soit, au-delà des personnes, et par la faute de la Justice qui s’est gardée de remplir sa mission, la corruption a miné les institutions de la République française.
Vous décrivez un système de corruption institutionnalisé. Qui a présidé à son instauration ?
Si l’on s’en tient à la Ve République, il faut distinguer plusieurs périodes. La corruption a d’abord été organisée par le Parti communiste, comme je le prouve dans plusieurs livres*. Selon un système scientifiquement élaboré, le parti des plus pauvres a commencé par monopoliser les marchés publics des municipalités à sa main :
avec 300 sociétés commerciales de racket – un véritable empire ! – pratiquant les détournements de fonds à tout va.
À cause de son rapprochement avec le PCF, dans les années soixante-dix, François Mitterrand a doté à son tour le Parti socialiste d’une structure de racket quasiment identique.
Après son élection en 1981 – au nom de la vertu et de la morale ! – cette organisation s’est déployée sur tout le territoire. Des sommes considérables ont été amassées soit dans des structures créées à dessein, soit par des élus, ministres et responsables nommés par l’État à des postes-clefs (Crédit lyonnais, Crédit foncier, compagnies d’assurances, Elf Aquitaine, etc).
Puis la droite s’est laissée entraîner dans un « pacte de corruption », scellé au plus haut sommet de l’État, dès le premier septennat de Mitterrand :
dès lors, celui qui détient le pouvoir local prend 60 % des commissions frauduleusement touchées, et l’opposition touche les 40 % restant, même chose au niveau national.
Avec l’accession de Jacques Chirac à la présidence, on passe d’un système artisanal à une véritable industrie.
Il s’agit, par exemple, des affaires des marchés des lycées d’Ile-de-France, de la SNCF, de la RATP.
J’ai rendu public le nom des élus, la nature des marchés, les montants détournés…
Pour l’affaire Urba impliquant le PS, et malgré les preuves que j’avais confiées à la Justice, seulement 2 % du dossier ont été jugés, sans remonter au sommet du système mitterrandien.
Car il est d’usage, en France, de ne jamais mettre en cause le président de la République.
Quelles mesures permettraient de laver la démocratie française de cette corruption ambiante ?
La seule solution pour l’éradiquer de manière radicale serait de la criminaliser, comme dans toutes les grandes démocraties anglo-saxonnes.
Aujourd’hui, la corruption n’est qu’un délit, et les peines infligées sont indolores.
Il faut frapper durement là où ça fait mal : à la caisse ! Toute personne condamnée pour corruption devrait être inéligible à vie et condamnée à payer deux ou trois fois la somme détournée, de même qu’à payer des amendes réellement dissuasives.
C’est le forban qui doit payer, et non plus le contribuable, victime in fine de ces méthodes mafieuses !
Avez-vous tenté de chiffrer le montant de ces pertes dues aux détournements d’argent public ?
J’ai essayé d’établir le montant des sommes détournées depuis 1981 : c’est énorme ! Au total, il pourrait s’agir de plusieurs centaines de milliards…
Un chiffre peu éloigné du montant de la dette publique de la France ! Rien que dans l’affaire des marchés d’Île-de-France, 560 millions de Francs se sont évaporés. Et je ne compte pas les paquets de millions disparus dans les paradis fiscaux, grâce à des structures offshore créées à dessein.
Tout a été fait pour que les parrains du système puissent se retirer… sans avoir à répondre de leurs actes.
* « Les finances du PCF, le parti le plus capitaliste de France » (1977),
« La France communiste, un État dans l’État » (1978),
« Les secrets de la banque soviétique en France » (1979), Albin Michel
source http://www.lecri.fr/Entretien-avec-Jean-Montaldo-873.html
El Tigré- Messages : 107
Date d'inscription : 01/02/2008
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum